mardi 2 juin 2009

Entreprendre à plusieurs…


S’associer n’est pas chose facile, loin de là. Les critères de choix notamment m’ont longtemps posé problème. J’entendais dire partout que le critère éthique devait l’emporter dans le choix de ses associés au départ d’une aventure. Jeune startuper déterminé, je pensais quant à moi que le critère d’efficacité devait primer : pour moi, il fallait du contenu avant tout, et donc réunir autour de mon projet des personnes qualifiées et efficace, capable d’abattre une charge de travail impressionnante et d’innover à tout prix. Sans rire, l’associé diesel n’est-il pas le cauchemar du jeune startuper !!? Avide d’y aller, et vite, et jusqu’au bout, il n’est pas question d’attendre, de regarder derrière ou d’examiner la situation : on est les meilleurs, on écrasera tout le monde, parce qu’on est jeunes et qu’on en veut. N’empêche, cette période-là est fabuleuse à vivre ! Mais elle peut exposer à de graves désillusions.
La désillusion est l’étape indépassable que doit traverser le jeune entrepreneur pour devenir le manager expérimenté (si...) que tout le monde aura envie de suivre ensuite. Or, je crois pouvoir affirmer que, si les désillusions sont nombreuses, les plus dures à encaisser — et les plus préjudiciables à l’entreprise, ô combien ! — sont bel et bien les désillusions d’ordre éthiques. Lorsqu’on s’est trompé sur quelqu’un, lorsqu’on y a cru et qu’on était en fait seul, lorsqu’on se rend compte qu’on s’est laissé bercer par une personnalité forte, charismatique, innovante, mais vide de toute éthique et donc dangereuse pour soi comme pour sa boîte, la chute est rude et véritablement traumatisante.
L’expérience m’a doté d’une certitude : si le critère d’efficacité doit bien sûr être pris en compte, il n’est pas celui qui doit déterminer le choix de ses associés. Sur le long terme, le critère éthique est le plus porteur, de très loin. L’aventure qui me paraissait d’abord technologique il y a vingt ans m’apparaît avant tout humaine aujourd’hui ; c’est ce qui me pousse à entreprendre, d’ailleurs, c’est devenu mon carburant à moi : conjuguer les compétences de chacun et tenir la distance ensemble, voilà le véritable pari !
C’est comme le choix du film : aujourd’hui c’est vers Woody Allen que je vais sans sourciller, calme mais jamais décevant, alors qu’à l’époque je fonçais voir le dernier blockbuster sorti, plein d’effets spéciaux à la bande son inimitable… Je préfère aujourd’hui entreprendre avec des gens sûrs, à l’éthique irréprochable. L’expérience m’a appris à ne pas donner la main trop vite, mais quand je la tends, c’est pour de bon, et je constate avec joie que les mains que l’on me tend aujourd’hui sont de cette qualité-là.

Citations du jour :
« Les jeunes sont plus aptes à inventer qu'à juger; plus aptes à exécuter qu'à conseiller ; plus aptes à entreprendre qu'à gérer. » Francis Bacon

« Ce n’est rien d’entreprendre une chose périlleuse, mais d’échapper au péril en la menant à bien. » Le mariage de Figaro, Beaumarchais

1 commentaire:

  1. Bienvenue dans l'univers du blog ! moi il me manque un "business developper", t'aurais la solution ?

    RépondreSupprimer